Tout ces gens autour de moi me faisaient irrémédiablement penser à des animaux en cage, stressé et incapables de prendre sur eux. Les animaux au moins avaient une bonne raison pour ça. Les humains présent autour de moi, eux, n'avaient aucun raison valable d'être aussi stressé et stressant. Le prime approchait à grand pas ? Et alors, ils n'avaient qu'à le repousser de quelques heures, voir jours, ou même l'annuler ! Oui, ce serait génial que de pouvoir rentrer chez moi tout de suite, ôter ces vêtements, prendre une douche pour ôter cette eau de Cologne infecte et enfiler un jogging avant d'aller voir Benzo ou Khal. Ils me manquaient déjà. Je n'osais même pas imaginer ce que ça allait être que de devoir être enfermé, coupé de tout, pendant plusieurs semaines. Autant ma famille, ça me faisait du bien de ne pas les voir, autant je ne croyais pas réussir à pouvoir tenir le coup sans pouvoir passer mes doigts dans la crinière soigneuse de Benzo ou sur le pelage noire et lisse de Khal. Un cameraman passa devant moi et je me rappela où j'étais à l'instant présent. Entre autre, assis sur une chaise plastique en coulisse, habillé, coiffé, parfumé, maquillé. Cette émission c'était de la connerie pure et dur. Qu'est-ce qui avait pris à ma soeur de m'y inscrire ?! Comment elle voulait que je puisse trouver l'amour dans un endroit où nous ne serions en rien nous même. Je ne comptais même pas me faire de faux espoirs, je ne trouverais personne parmi les candidats que je fréquenterais. Personne. J'étais un handicapé du coeur, un pauv' con, nombre de demoiselles me l'avaient déjà craché au visage et je n'avais pas envie que ça recommence. Pas devant des caméras, pas dans des situations où je pourrais me retrouver faible. Une jeune femme blonde m'adressa la parole et c'est là que je me rendis compte que je la fixais alors que je ne regardais rien de particulier il y a encore quelques secondes. Je sentais l'ironie dans sa voix, j'haussais donc un sourcil avant de me lever et de m'avancer vers elle les bras croisés. "Je ne me faisais aucun soucis...c'est vrai qu'après tout nous mourront tous de joie en temps que futur candidat de those familiar thing. C'est pas comme si on allait être tournés et retournés comme des lions en cage. Quoi que..à la réflexion même des lions seraient mieux traités que nous. J'en sais quelque chose..." je stoppais là ma petite introduction avant de décroiser mes bras et de tendre une main vers la jeune femme "Moi c'est Skye." autant être sympa dès le départ et pas chercher la merde tout de suite car je pressentais déjà les dérapages au court de l'émission.

J'étais rassuré de voir que je n'étais pas le seul à visiblement ne pas être enchanté d'être entouré de toutes ces personnes nous considérant plus comme un gagne pain que comme des êtres vivants à par entière avec chacun notre histoire et chacun notre propre caractère. Et lorsqu'un homme, ou une femme ne soyons pas sexiste, se sent ballotté comme de la viande cela devient oppressant et extrêmement gênant car tu n'arrives même plus à te prouver à toi-même que t'es un être humain. Parce que tu essais de chercher ce que tu as fait dans ta vie ou un trait de caractère qui te définit et finalement tu ne trouves rien. Alors tu finis par te laisser totalement mené par le bout du nez en te disant que de toute façon ils ne pourront pas te descendre plus bas que tu n'es déjà. C'est vicieux l'espèce humaine ! Nous devons être la seul race qui aime ce faire du mal mutuellement en s'insultant et s'humiliant. Ou du moins qui cherche à faire souffrir son prochain. Prenez un lion, il n'ira jamais tuer un congénère juste comme ça, pour le fun, non, en rien et pour aucune raison il n'agirait ainsi. Non, il faudrait d'abord qu'un autre lion s'introduise sur son territoire, le défit ou fasse quelque chose qui vaille le combat et la souffrance. La jeune femme parla alors de la façon dont nous allions être traités. De vulgaires objets ? Je ne pense pas..non, un objet on en prend soin, nous on allait simplement nous balancer sur le devant d'une scène miteuse avec pour seul réputation celle que la production allait nous forger au fil des quotidiennes. Nos mains s'allièrent avant que je ne retourne m'asseoir, j'étais un peu stressé je devais l'avouer. "Andrea...vous êtes française ?" une question comme une autre pour pas laisser le silence tout gâcher. Puis elle parla des lions, en me demandant comment je pouvais savoir qu'un lion est mieux traité qu'un candidat de télé-réalité. Je souriais en coin avant de poser mes codes sur mes genoux et de rassembler mes mains devant mon menton. "Oui d'une certaine façon je le sais. Je suis dompteur pour un cirque, c'est moi qui m'occupe de dresser les félins, entre autre il m'arrive souvent d'avoir des lions entre les mains, et je peux vous assurer que jamais je ne les traiterait comme on nous traite en ce moment-même. Je veux dire...vous sentez pas tout le stress qui règne ici ? Si on était dans une cage de spectacle, avec un jaguar et une lionne, ils se seraient déjà entre-tués à cause du stress entre eux. C'est inévitable et malheureux de voir à quel point on se permet de nous ballotter comme des morceaux de viande, juste parce qu'un être humain est capable d'intérioriser son stress et ses inquiétudes." je m'arrêtais, m'apercevant par la même occasion que je m'étais emporté bien malgré moi. Mais...c'était tellement instinctif pour moi que de devoir argumenter et parler et je n'avais plus eu l'occasion de le faire depuis si longtemps...je fermais quelques secondes les yeux avant de lever le regard vers Andrea "Excusez-moi...je me suis laissé emporté. Ca ne se reproduira plus, je vous le promet, et si ça recommence, je vous donne le droit de m’assommer à coup de télécommande...ou de ce que vous voulez après tout ! Au fait...ça vous dérange si on se tutoie ?"